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Rendre la recherche française plus efficace: l’exemple de l’Espci

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Dans la longue suite de ses rapports cinglants sur l’utilisation des deniers publics, la Cour des Comptes a jeté un nouveau pavé dans la mare en stipendiant le mauvais rendement de la recherche publique. Selon son rapport, la France n’accorde en effet pas assez d’importance à la recherche appliquée et au développement expérimental. La compétence des chercheurs français n’est pas par autant en cause, insiste la Cour, en indiquant que la France arrive au sixième rang mondial en termes de publications scientifiques.

L'Espci, un modèle pour la recherche française? (Photo: Michel Denance)

Plus ou moins de projets ?

Si l’origine du problème est d’abord à chercher du côté d’entreprises dont la R&D est faible (1,41 % du PIB en 2010, contre 1,58 % pour la moyenne des pays de l’OCDE), de nombreux aménagements devraient également être apportés à la recherche publique. La Cour estime par exemple que le financement sur projets permet d’allouer des financements aux « thématiques prioritaires et aux meilleures équipes» et regrette qu’ils ne représentent encore qu’une faible part du financement de la recherche (10 à 14 % des crédits publics).

Une part qui devrait encore baisser quand on sait combien le financement sur projet est contesté par une grande partie de la communauté scientifique. Lors des Assises de l’enseignement supérieur, Serge Haroche, le récent Prix Nobel de physique, plaidait ainsi pour une «augmentation des crédits récurrents donné aux jeunes chercheurs et que tous les crédits de recherche ne passent pas en crédits sur contrat» afin que les jeunes chercheurs «ne soient pas accaparés par la bureaucratie».

Au contraire, l’apport de la recherche par projet est largement approuvé par l’expert de la valorisation qu’est Jacques Prost, directeur de l’Espci ParisTech : «La recherche sur projet a donné une bouffée d’oxygène à la recherche française ces dernières années. Bien sûr, il faut également permettre des recherches sur le long terme mais le projet aide les jeunes à se prendre en charge et à construire leur propre CV».

Quelle valorisation ?

Selon les calculs de PSL Valorisation, la structure de valorisation de la recherche créée fin 2012 par le PRES Paris Sciences et Lettres, dont fait partie l’Espci, cette dernière aurait créé ces dix dernières années pas moins de… 1,5 milliard d’euros de valeur avec sa recherche. Un véritable exploit quand, le souligne encore la Cour, «la France a davantage tendance à exporter ses technologies qu’à en développer les usages sur son territoire au profit de son industrie». Mais un exploit réfléchi au travers d’un fond, le fonds Charpak, auquel l’école délègue ses droits intellectuels et qui garantit une réponse rapide aux chercheurs désireux de déposer un brevet et de publier.

Un modèle que veut aujourd’hui reproduire PSL explique Jacques Lewiner, le doyen de la valorisation de PSL: «Nous n’imposerons tien à personne. Les chercheurs pourront choisir d’être valorisés par le CNRS, PSL ou une SATT (société d’accélération du transfert de technologie)». Un choix qui marque bien toute la problématique d’une recherche partagée entre de très nombreux opérateurs. «Il faut parfois trois ans à un chercheur pour avoir une réponse auprès de tous les ayants droits de son invention quand il veut la valoriser par un brevet», se désole Jacques Lewiner, qui constate que les dispositions prises il y a trois ans afin de favoriser le site où a été produite la recherche n’ont guère produit d’effets.

Comment faire évoluer le système?

Au-delà des structures c’est à un profond changement des méthodes et des mentalités qu’il faut aboutir si on veut mieux valoriser la recherche. «À l’image de ce qui se fait à l’Espci, nous voulons bâtir un système très libre basé sur le chercheur. Les grands organismes ont trop tendance à leur imposer leurs méthodes», explique encore Jacques Lewiner. Mais il lui faudra également lutter contre des préjugés encore trop répandus selon lesquels «un bon chercheur ne dépose pas de brevet».

Restera aussi à décider sous la signature de quel organisme les brevets seront déposés et les recherches publiées, un élément crucial dans la compétition que se livrent les grandes universités de recherche dont PSL veut être l’un des fers de lance en France. Et là Monique Canto-Sperber, la présidente de PSL, est résolument optimiste : «Le CNRS se dit prêt à se mettre en retrait pour que la publication se fasse sous le nom de l’auteur, bien sûr, puis de PSL et de son établissement ». Encore quelques doses de bon sens comme celle-là et la recherche française saura se valoriser.

Olivier Rollot (@O_Rollot)


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